Tannage de fourrure et couture de mocassins

Tannage de fourrure (peau de lapin) :

21 et 22 février 2026 à la ferme de l’arbre à poule dans l’Oise Avec Thomas Baffault .

Apprenez à transformer une peau de lapin brute en une fourrure douce et souple.

Chaque participant pratiquera les différentes étapes du tannage au gras et à la fumée sur une peau de lapin fournie lors du stage. 

Nous verrons chaque étapes du tannage, depuis la conservation de la peau brute juste après le dépeçage jusqu’à son fumage pour la rendre lavable en machine et durable :

– Trempage

– Grattage

– Recette de solution de tannage

– Asssouplissement

– Séchage

– Fumage

Tarif : 230 € peau comprise

INSCRIPTIONS

Notez que le processus de tannage suppose un effort physique notable tout au long des 48 heures de stage pour obtenir un résultat satisfaisant.

Couture de mocassins :

23 et 22 février 2026 à la ferme de l’arbre à poule dans l’Oise Avec Thomas Baffault .

Apprenez à coudre vos propres mocassins en cuir souple et confortable, taillés sur mesure.

Le cuir de vos moccasins est fourni durant le stage et chaque participant repartira avec sa paire de mocassins.

Vous apprendrez :

– à créer le patron des mocassins à partir de votre pied 

– sélectionner et découper le cuir

– utiliser une alêne et une aiguille

– coudre avec du tendon artificiel

– entretenir vos mocassins pour les faire durer dans le temps

Notez que sur une durée de 48 heures il est probable que vous terminiez la couture d’un seul de vos deux mocassins. L’autre étant déjà découpé mais pas encore totalement assemblé. Dans ce cas vous pourrez terminer le deuxième mocassins chez vous avec les connaissances acquises au cours du stage.

Tarif : 270 € cuir compris

INSCRIPTIONS

Nouveaux stages de pistage

« Le pistage est la lecture intime de notre milieu. Il développe l’empathie indispensable à la sauvegarde de nos relations humaines, animales, végétales et minérales. »

Stage Fondamentaux :

Vivre le pistage, sortir des sentiers battus, plonger dans l’expérience de la forêt tout en se familiarisant avec  les fondamentaux des traces et indices.

Une occasion d’intégrer les caractéristiques des empreintes les plus courantes comme celles des chats, chiens, renards, blaireaux et cervidés ou sangliers. Vous apprendrez à les distinguer grâce à des critères d’identifications clairs.

Nous alternerons les apports techniques, les temps ludiques et l’exploration, au Jardin Sauvage et en forêt chaque jour.

Les pratiques enseignées au cours du stage permettent de poursuivre l’apprentissage de retour chez soi, seul ou en groupe.

Catherine Pendelliau (www.un-monde-en-moi.org) co-animera ce stage avec Thomas Baffault, tout deux certifiés CyberTracker, pour vous guider pas à pas dans le monde merveilleux des traces et indices de nos alter egos du monde animal.

Bivouac possible au Jardin Sauvage de Sillery / contribution 15 € (toilettes sèches, bidons d’eau potable en quantité limitée). Informez-nous de votre intention de bivouaquer svp

Beaucoup d’hébergements à proximité existent (10 minutes).

Les repas seront apportés par les participant.e.s, et mis en commun. Midis : pique-niques. Veillée : cuisine sur le feu possible. Prévoir de quoi stocker en autonomie.

La commune de Sillery est accessible en bus depuis le centre de Reims. Plusieurs bus par jour jusque 20h, sauf dimanche.

INSCRIPTIONS

Le pistage visuel remonte aux origines de notre espèce et a probablement joué un rôle clef dans notre survie et dans le développement de notre esprit de déduction. Dès que l’on fait appel à ces compétences, ce sont toutes nos prédispositions ancestrales qui remontent à la surface, comme si nos gènes de chasseurs cueilleurs n’attendaient que cela pour se réveiller.

Stage le chant des pistes :

Une suite au stage Traces et indices fondamentaux, le week-end des 7 et 8 mars 2026 en Forêt de Longuay (alentours de l’abbaye de Longuay) – Haute-Marne – Parc national de forêts

Catherine Pendelliau et Thomas Baffault vous invitent…

…dans les pas du pisteur…dans l’esprit du pistage… Le chant des pistes. Ce titre est emprunté au livre de Bruce Chatwin qui explore les aspects du nomadisme à travers le monde, et le lien charnel que les autochtones entretiennent avec leur milieu.

Ce stage sera un approfondissement des traces et indices, essentiellement sur le terrain, qui abordera davantage les déplacements des animaux, leurs allures et habitudes de vie (J1), ainsi que les déplacement du pisteur dans leurs pas, à travers les bases du trailing (traque) (J2).

Le pistage est une flamme qui ravive notre esprit de chasseurs-cueilleurs en un simple battement d’aile de mésange.

Notre relation au milieu est essentielle. Nous développerons ensemble notre posture de pisteureuses dans la durée, avec légèreté et naturel, comme un chant simple et joyeux. Nous explorerons, en nous appuyant sur une trame technique diffuse et continue.

Possiblité de bivouaquer, ou de louer un gîte (il y en a plein alentours).

Le groupe sera limité à 8 personnes maximum pour une meilleur expérience.

INSCRIPTIONS

La mouche à viande et autres petits détails insignifiants

Dans cet extrait de la saga écrite par l’auteur australien Arthur Upfield, son héros, l’inspecteur Napoléon Bonaparte alias Bony mène l’enquête dans le bush. Bony utilise ses talents de pisteur hérités de sa mère aborigène et cherche les traces de deux chevaux pour élucider la disparition d’un gardien de troupeau.

Cet extrait illustre à la perfection la globalité de l’art du pistage, dans son usage des cinq sens, et sa prise en compte de l’ensemble des éléments d’un milieu : des insectes aux oiseaux en passant par les plantes, les mammifères et la météo. Tout ceci étant synthétisé par un esprit déductif.

« Les sourcils de Bony, qui se rejoignaient presque tant ils étaient froncés, se détendirent très vite en un sourire. Puis l’inspecteur les fronça à nouveau, plissa les yeux un instant en regardant le soleil, évalua rapidement l’ombre qu’il projetait et en conclut qu’il devait être dix heures et quart. Il décida de faire chauffer de l’eau dans son pot pour prendre le thé. (…) Un corbeau arriva du sud, décrivit un cercle autour d’un bloodwood, croassa deux fois et se posa dans un mulga, juste derrière la clôture, se postant tête penchée sur le côté pour surveiller cet étrange animal qui pouvait tuer d’un bruit et jeter pierres et bâtons. (…) Bony prépara du thé avec l’eau qui restait dans le pot et, emportant ce breuvage à l’ombre d’un vigoureux groseillier, il s’installa sur la terre douce et tiède pour siroter le liquide noir et fumer des cigarettes à la chaîne. Le corbeau lança un cri car le bloodwood lui masquait la vue, puis, en croassant, il décrivit un immense cercle avant de se percher dans un arbre qui lui permettait d’observer Bony, seuls sa tête noire et un œil globuleux restant visibles. (…)

Bloodwood

(…) Il marcha droit sur un mulga qui poussait à plusieurs mètres du bloodwood, plus près du portail de la route. Au pied de cet arbre, le sol était meuble et ne comportait pas de traces. Un mille-pattes aurait laissé sa marque sur cette page du Livre de la Brousse. Bony scruta le sol qui entourait l’arbre suivant. Là également, le sol était meuble, mais il y avait plusieurs feuilles de mulga mortes, longues, pointues et recourbées. Il aperçut les traces d’un petit oiseau et d’un scorpion de taille moyenne. Retournant au premier arbre, Bony scruta à nouveau le sol. Ses yeux étaient de simples têtes d’épingle bleues tant ils forçaient pour mieux repérer les moindres détails. Aucune page du Livre de la Brousse n’est entièrement blanche. Cette page avait été effacée, et cela moins de quarante-huit heures auparavant.

« Pour la première fois, non, la deuxième, de ma carrière, il semble que je sois opposé à des aborigènes, des adversaires de valeur s’il en est, des adversaires qui n’iraient jamais commettre les erreurs stupides que commet fatalement l’homme blanc, si intelligent, si hautement civilisé. Je me demande ce qui se passe. (…) Le corbeau croassa, puis, avec réalisme, gargouilla comme un homme qui s’étrangle. ― Du calme, lui dit Bony.

Mulga

Une mouche à viande bourdonna et Bony pivota pour la chercher. Il ne l’aperçut pas en vol mais il la vit lorsqu’elle se posa à terre, à trois mètres ou trois mètres cinquante du tronc. Le métis s’approcha, se baissa et renifla. Il sentit l’odeur d’un cheval. Le cheval blanc monté par Diana Lacy s’était trouvé ici, à l’ombre de cet arbre. Aucune trace de son passage n’était conservée. Le sol était lisse, trop lisse. De ses yeux qui remarquaient tout, il examina les arbustes environnants. Il n’arrivait pas à voir très loin, sauf le long de la clôture. De part et d’autre, les arbres se pressaient, formant une masse impossible à franchir sur plus d’une centaine de mètres. Il ne pouvait être sûr qu’on ne l’observait pas. Il était peut-être surveillé par mille espions cachés. De l’autre côté de la clôture, il eut l’immense satisfaction de constater qu’une marque brune, sur un tronc, avait été causée par le frottement d’une corde ― une longe. Autour de cet arbre, le sol était également lisse et exempt de traces, alors qu’ailleurs il était jonché de brindilles et envahi de pousses. Bony ne sentit pas d’odeur de cheval à cet endroit, et il ne découvrit pas non plus de matériau étranger retenu par les fils barbelés du grillage. Il passa une bonne heure à fureter dans un large cercle autour du bloodwood, et il eut beau discerner des zones où le sol était trop lisse et trop propre, il ne vit pas l’ombre d’une empreinte laissée par un sabot, une chaussure ou un pied nu. Il découvrit un objet particulièrement intéressant et significatif, une petite plume grise qui avait une tache rouge foncé sur un bord.

Corbeau freux

Pendant toute cette fouille, le corbeau était resté un spectateur attentif. Tantôt il croassait, narguant Bony avec grossièreté, tantôt il avait l’air ennuyé et perplexe. Le manque d’intérêt que lui témoignait l’inspecteur n’était qu’apparent. Tout en s’affairant, il n’oubliait pas sa présence un seul instant. D’après son comportement, il en conclut qu’on ne l’espionnait pas. Un espion, noir, blanc ou jaune, n’aurait pas pu rester ignoré de ce corbeau.

Empreintes de corneille

(…) Pourquoi quelqu’un était-il venu ici après le départ de Diana, et probablement après le départ de l’autre personne, dans le but de supprimer efficacement toute trace de la rencontre ? Ce n’était pas le vent qui avait accompli ce travail. Il n’avait pas soufflé suffisamment fort pour effacer l’empreinte d’un pied nu, a fortiori celles de sabots. Et il n’aurait pas laissé de petites zones de sol dépourvues de brindilles. L’être humain qui avait supprimé ces traces avait d’abord trempé ses pieds nus dans du sang, puis dans des plumes d’oiseau. Une fois le sang séché, les plumes y avaient adhéré ; c’était un moyen connu pour éviter de laisser la moindre empreinte. Un aborigène avait probablement été chargé de cette tâche. (…) Oui, il y avait une foule de questions, et une dernière exigeait elle aussi une réponse : est-ce que ce rendez-vous avait un lien quelconque avec la disparition de Jeffrey Anderson ? »

Upfield, Arthur W., L’os est pointé (The Bone is Pointed) (Inspector Bonaparte Mysteries t. 6) (pp. 95-102). (Function). Kindle Edition. 

Groupe de pisteureuses observant des traces de salamandre lors d’une évaluation traces et indices

Cette scène dépeint de manière très vivante toute la complexité et la richesse du pistage : l’absence d’empreinte est un indice qui compte autant qu’une empreinte, une petite plume tachée de sang renferme un sens décisif, les oiseaux révèlent ce que vous ne pouvez voir et les insectes révèlent ce que vous ne pouvez sentir. Patience et méthodologie accumulent les indices et racontent une histoire vivante.

Si ce savoir-faire vous inspire, venez rencontrer d’autres pisteurs et pisteuses expert.e.s et débutant.e.s lors de la prochaine évaluation traque les 22 et 23 novembre prochains près de Chantilly avec John Rhyder ou lors de la prochaine évaluation traces et indices les 6 et 7 décembre prochains près de Chantilly avec René Nauta.

Auteur : Thomas Baffault

l’indépendance de nos ancêtres

Lors d’un récent stage d’immersion en nature, plusieurs champignons ont été observés au camp. 

Des chanterelles, des trompettes de la mort et des Lacaires Améthystes toutes comestibles. Mais aussi un polypore du bouleau auquel nous avons prêté une attention limitée en nous contentant de le nommer : Piptoporus Betulinus.

C’est le nom latin que j’ai communiqué au groupe et qui était le sien jusqu’en 2016 ou il fut renommé Fomitopsis Betulinus qui est désormais son nom scientifique. Son nom vernaculaire étant Polypore du bouleau.

Ce champignon possède un frère qui comme lui pousse sur les bouleaux : Fomes Fomentarius, autrement appelé Amadouvier. Ces deux frères appartiennent à l’ordre des polypores et partagent un autre point commun remarquable : tous deux étaient transportés dans une bourse par Ötzi, le célèbre homme des glaces retrouvé momifié, 5300 ans après sa mort dans les Alpes Italiennes.

Pourquoi Ötzi transportait-il ces deux champignons dans une bourse attachée à sa ceinture sur son flanc droit, c’est à dire à l’endroit ou un droitier accroche ses biens les plus précieux comme son couteau ?

L’apparition de la figure d’Ötzi dans ce stage d’immersion, à travers ce polypore est fortement symbolique et vient résonner avec certains questionnements et certaines idées reçues qui peuvent ébranler notre idée du « progrès » : nos ancêtres souffraient-ils de la faim, à quelle époque ? Jusqu’à quand ? Quelles compétences de nos ancêtres avons nous perdues ?

Ötzi vivait au néolithique final, il y à 5000 ans. Cette dernière période de la préhistoire marquée par l’abandon très lent, du mode de vie de chasseur-cueilleur nomade pour le mode de vie sédentaire de l’agriculture. 

Cette transition molle et très progressive sur une période d’environ 3000 ans pour l’Europe ne ressemble en rien à l’adoption enthousiaste d’un nouveau mode de vie révolutionnaire.

« Certes, la Révolution agricole augmenta la somme totale de vivres à la disposition de l’humanité, mais la nourriture supplémentaire ne se traduisit ni en meilleure alimentation ni en davantage de loisirs. Elle se solda plutôt par des explosions démographiques et l’apparition d’élites choyées. Le fermier moyen travaillait plus dur que le fourrageur moyen, mais se nourrissait moins bien. La Révolution agricole fut la plus grande escroquerie de l’histoire. [1] » 

Ötzi marchait donc sur cette frontière invisible entre nomadisme et sédentarité, préhistoire et histoire, sauvage et domestique, égalitarisme et hiérarchie, appartenance au monde et propriété privée.

300 000 ans d’histoire que notre espèce homo sapiens avait passés en petits groupes mobiles polyvalents devaient bientôt être relégués aux oubliettes sous le terme « préhistoire ». 

98% de notre existence sur Terre occultés par les 7000 dernières années avant notre présent. Ces 2% récents de notre histoire représentant au mieux une expérimentation hasardeuse, au pire une erreur temporaire qui vient contredire notre nature profonde aspirant au sauvage et à la liberté. 

Le dernier repas de l’homme des glaces était composé de viande et de graisse de bouquetin et de cerf, ainsi que d’épeautre cultivé. Un repas typiquement métissé de chasse et d’agriculture. Ötzi possédait encore les savoirs qui lui permettait de se nourrir, de se vêtir, de s’outiller et de se soigner dans la nature par la chasse et la cueillette même si celui-ci pratiquait déjà l’élevage et certaines formes de culture végétale. Une mauvaise récolte ou une maladie sur le troupeau pouvait encore être facilement compensée par la chasse, le piégeage de gibiers ou la cueillette de plantes sauvages.

Après la mort d’Ötzi avec la fin du néolithique, partout dans le monde l’expansion de la pratique agricole fit régresser les terres « libres » c’est à dire non accaparées par des fermiers bénéficiant du soutien armé d’une forme d’Etat. 

Lentement, les territoires de chasse et de cueillette ont diminué, marginalisés dans les zones les moins favorables.

Ainsi, c’est dans les déserts que certaines cultures de chasseurs-cueilleurs ont pu perdurer jusqu’à nos jours, comme les !Kung San du Kalahari ou les Aborigènes des terres d’Arnhem en Australie. 

À l’opposé, les terres les plus favorables ont vu croître des sociétés agricoles hautement hiérarchisées et spécialisées, grâce au pouvoir engendré par les surplus alimentaires. Ces civilisations en l’espace de quelques millénaires ont presque totalement oublié les compétences d’Ötzi et de ses contemporains.

« Une des principales prétentions (des) partisans de la narration du progrès perpétuel stipule que nous serions « bien mieux nourris » aujourd’hui qu’à l’époque préhistorique. Cette assertion repose sur l’hypothèse néo-hobbesienne selon laquelle la famine était courante avant que l’agriculture ne sauve la situation, ce qui est à peu près le contraire de la vérité. Les fourrageurs !Kung San du désert du Kalahari, par exemple, consomment en moyenne 2140 calories par jour, dont 93 grammes de protéines. Se nourrissant de plus de quatre-vingts plantes sauvages, il est peu probable qu’ils soient un jour confrontés à la famine qui menace les sociétés dépendantes d’à peine quelques plantes, lesquelles peuvent connaître et connaissent de mauvaises récoltes.(…) Les vestiges squelettiques montrent que les fourrageurs pouvaient connaître la faim, de temps à autre, mais pas la famine prolongée. En contraste, en 2014, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estimait qu’environ 805 millions de personnes souffraient de sous-alimentation chronique. [2] »

An Gorta Mór , la grande famine. Cet épisode tragique a fait près d’un million de morts en Irlande entre 1845 et 1852.

Cette famine catastrophique est présentée comme la dernière de l’histoire européenne, mais elle était loin d’être la première et certainement pas la dernière dans le monde.

A cette époque la population dépendait majoritairement d’une seule culture : la pomme de terre. Quand celle-ci fut réduite à néant par l’attaque du mildiou, l’ensemble de la population fut touchée par la famine et les plus pauvres commencèrent à mourir. 

L’île de sept millions d’hectares comptait encore suffisamment de zones sauvages pour nourrir ses huit millions d’habitants.  

Des ressources alimentaires alternatives dont les usages étaient encore répandus à peine quelques générations en arrière étaient bien présentes parmi les plantes non cultivées au moment de la famine. Mais ces êtres humains civilisés et sédentarisés n’en avaient plus connaissance, il dépendaient du bon vouloir d’un gouvernement qui contrôlait les ressources alimentaires disponibles et ils mouraient.

Ils mouraient…, pas de faim, mais d’ignorance et de servitude. [3]

Le polypore du bouleau Fomitopsis Betulina pourrait être considéré comme un kit de premier secours à lui tout seul. Ötzi le transportait sous forme de tranches séchées enfilées sur un cordon de cuir dans sa bourse. Sous cette forme séchée il peut servir à préparer des infusions antiparasitaires, immunostimulantes, anti-inflammatoires et antibiotiques. 

L’hyménium (surface blanche inférieure des spores) est un puissant coagulant. Réduit en poudre ou appliqué frais, l’hyménium arrête les saignement, désinfecte une plaie et à un effet analgésique.

L’amadou Fomes Fomentarius a le pouvoir magique de transporter le feu endormi. Il contient une chair brune spongieuse qui développe une combustion lente après un contact avec une flamme ou une braise. 

Cela permet de transporter une braise au coeur du champignon pendant plusieurs heures d’un campement à l’autre en s’épargnant la fatigue physique de rallumer un feu par friction. 

Cette chair est également hémostatique et cicatrisante et peut fournir une sorte de coton absorbant. Comme le polypore du bouleau il possède des propriétés immunomodulatrices.

Alors, quand l’un de ces polypores précieusement transportés par Ötzi a fait son apparition dans ce stage d’immersion, j’ai vu la redécouverte des savoirs ancestraux, je me suis remémoré ces articles scientifiques qui parlent naïvement de la « découverte récente » des propriétés anti-inflammatoires, vermifuges et antiseptiques du polypore du bouleau. Je me suis dit que la frontière invisible sur laquelle marchait Ötzi il y a 5000 ans était peut-être à nouveau sous nos pieds.

Cette frontière entre sédentarité et nomadisme, histoire et posthistoire, domestique et sauvage, hiérarchie et égalitarisme, propriété privée et appartenance au monde.

Et que ces êtres humains réunis pour un stage en forêt étaient peut-être parmi les premiers à initier un retour vers le mode de vie qui a le plus longtemps réussi à notre espèce et à son biotope. Vers une manière d’habiter le monde, en relation avec notre milieu grâce aux savoir-faire ravivés dans nos gènes profondément façonnés par 98% de notre existence comme chasseurs-cueilleurs.

[1] Sapiens Yuval Noah Harari, Albin michel.

[2] Christopher Ryan, Civilisés à en mourir, éditions libre

[3] Il ne s’agit pas d’un jugement porté sur les Irlandais de cette époque, mais plutôt d’une observation qui s’applique aujourd’hui à la majorité de la population mondiale dépendante de gouvernements du fait de la perte de connaissance des ressources sauvages.

l’arc de banlieue

Venez fabriquer votre premier arc à la ferme du bonheur à Nanterre 

En banlieue, il n’y a pas de mauvaises herbes ! Plutôt des plantes généreuses et combatives qui apportent du rêve dans les fissures du béton. 

Le robinier faux acacia fait partie de ces combattants, on le dit envahissant mais cet arbre est en réalité d’une générosité infinie, il prépare les sols appauvris pour l’arrivée des arbres plus sensibles, il nous offre ses grappes de fleurs délicieuses en beignets au mois de mai et il fournit un bois imputrescible pour toutes les menuiseries d’extérieur.

Si l’enfant qui sommeil en vous s’agite à l’idée de faire voler des flèches avec un arc fabriqué de ses mains, ce stage s’adresse à vous. 

Nous explorerons ensemble les principes de bases de la construction d’un arc fonctionnel et adapté à votre morphologie. Vous fabriquerez votre arc en acacia, votre corde en tendon artificiel et au moins une flèche empennée avec les plumes des volailles de la Ferme du bonheur pour repartir chez vous avec le kit complet de l’archer ou de l’archère de banlieue.

On se retrouve à la Ferme du bonheur à Nanterre les 4 et 5 décembre pour fabriquer votre premier arc et retrouver la joie enfantine de tailler des bouts de bois et du tir à l’arc.

Inscriptions

Mocassins

L’après-midi s’est écoulée agréablement, me laissant absorbé dans mon artisanat, coupant le cuir de cerf aux formes de mes futurs mocassins.

Les patrons en carton, les chutes de cuir, le fil et les aiguilles sont éparpillés sur ma table et je commence à voir les mocassins qui apparaissent dans mes mains. Je me sens fier et heureux de réaliser enfin ce projet.

Je sens qu’en fabriquant cette paire de chaussures, je poursuis la récupération de compétences élémentaires propres à ma condition humaine. 

Cette aptitude basique pour nos ancêtres durant 90% de l’histoire de l’humanité, ne m’était jamais apparue aussi essentielle.

En sortant dans la rue pour aller chercher ma fille à l’école, ma focalisation artisanale de l’après-midi me fait regarder différemment la foule urbaine aux vêtements variés, à la mode, colorés et aux matériaux d’une infinie variété bien que majoritairement d’origine synthétique.

Le fait qu’aucune des personnes que je croise ne soit capable de reproduire la matière ou de confectionner l’habit qu’elles portent, m’apparaît soudain comme puéril.

Paradoxalement, dans cette grande ville chacun, chacune semble prendre très grand soin de son choix vestimentaire, comme une affirmation de sa personnalité, de son statut ou de son originalité et pourtant aucun de ces vêtements n’est produit à l’unité, tous sont des productions industrielles de masse, pour la masse qui cherche à affirmer son individualité.

Les personnes que je croise sont adultes pour la plupart et pourtant aucune n’est autonome dans son besoin vestimentaire, toutes sont réduites à convoiter des tissus et des vêtements qu’elles ne savent pas fabriquer elles-mêmes. Comme des enfants qui n’auraient pas appris à se débrouiller seuls pour un besoin aussi élémentaire que celui de se vêtir.

Quelque chose de fondamentalement inachevé dans cette culture me saute aux yeux. 

Je me projette avec le regard de n’importe quelle tribu « primitive » ou « non civilisée » dans laquelle chaque membre possède les compétences nécessaires pour se nourrir et se vêtir de façon autonome : à quel point les membres de nos sociétés « civilisées » leur apparaîtraient comme de grands enfants soumis, dont l’éducation est restée inachevée ?

Savoir produire un textile à partir d’éléments bruts de la nature, savoir le coudre à la forme d’un vêtement ou d’une chaussure, n’apparaît pas nécessairement comme une compétence aussi fondamentale que la production du feu ou d’un abri. Néanmoins, cette compétence implique la maîtrise de nombreuses autres aptitudes, comme la reconnaissance végétale pour se procurer des fibres aptes au tissage ou la chasse pour se procurer la peau d’un animal. 

Et de ces deux aptitudes en découlent de nombreuses autres, comme la fabrication d’arc et de flèches, le pistage, l’orientation, la production d’outils coupants, de contenants, etc.

Une compétence aussi humble que la couture implique finalement une infinité d’autres compétences passionnantes que l’on ne peut découvrir qu’en s’émancipant de l’approvisionnement commercial qui nous coupe de notre créativité et de notre agilité.

Si vous êtes intéressé.e.s par cet apprentissage, n’hésitez pas à me le faire savoir. Il est possible d’organiser un stage sur un week-end.

Thomas

L’abécédaire de la piste

La poésie du vivant qui nous entoure ne cesse jamais d’exister. Parfois nous y sommes récepti.ves.fs et d’autres fois il semble que cette poésie nous échappe ou que nous ne la saisissons pas pleinement. Il arrive qu’il nous manque des clefs ou des indications essentielles pour savourer ce chant, pour y trouver notre place.

L’analogie entre le pistage et la poésie fait parfaitement sens car les plus beaux poèmes nous restent inaccessibles si nous ne connaissons pas notre alphabet. L’apprentissage de l’alphabet peut sembler ennuyeux et pourtant il est une porte d’entrée vers la liberté de la forme poétique.

Avec Catherine Pendeliau, nous proposons pour la deuxième année consécutive ce « week end fondamentaux  » avec l’objectif de vous donner l’alphabet des traces et des indices qui vous permettra ensuite de progresser seul.e.s ou avec vos pairs sur vos propres pistes. Ce week-end est dense en transmissions techniques et il est ponctué d’explorations en forêt pour mettre en application les connaissances et les astuces qui vous seront transmises.

12 et 13 octobre 2024 à Sillery (champagne). Tarif : 205 €

INSCRIPTIONS

Pour plus d’informations vous pouvez contacter Catherine 06 86 01 73 15 ou Thomas 06 76 33 60 76

Auteur : Thomas Baffault

pister le cerf

Trois nouvelles dates pour apprendre à pister et évaluer vos compétences (voir en bas de l’article)

L’automne s’installait tranquillement : à 8h du matin le jour était à peine levé et la rosée était encore abondante. J’ai d’abord cheminé sur les grandes allées de terre battue qui sillonnent la forêt, avant d’arriver, à cette parcelle ou poussent quelques pommiers sauvages au milieu des herbes hautes. Les différents passages d’animaux étaient visibles, l’herbe encore couchée par leurs passage portait autant de gouttelettes que les brins encore érigés. Seuls deux sentes qui se rejoignaient parfois en une seule étaient dépourvues de rosée, indiquant un passage plus récent des animaux à grandes pattes qui avaient couché cette végétation et fait tomber les gouttelettes. Leur piste menait d’un pommier à l’autre ou des pommes bien mures jonchaient le sol. Sous les arbres l’herbe était plus rase et la terre portait les empreintes nettes et fraiches de deux grands cervidés.

Une matinée merveilleuse pour traquer dans des conditions idéales : sol humide, animaux lourds et pistes clairement très fraiche. Par moment la piste devenait plus complexe, lorsqu’elle empruntait une sente également fréquentée par les sangliers ou lorsqu’elle traversait un chemin de cailloux. Dans les feuilles mortes en regardant directement à mes pied, je ne pouvais pas voir la piste, mais dès que je regardait à 5 mètres devant moi, la traînée de feuilles dérangées apparaissait nettement.

La piste vient de tourner vers le nord et je me retrouve vent dans le dos en la suivant, ce qui ne m’inquiète pas car la zone ne semble pas assez dense pour un couchage de jour et je suppose que la piste tournera à nouveau plus loin pour me permettre d’avoir meilleur vent. Cela fait seulement deux heures que je suis lentement cette piste et je suppose que les animaux sont encore loin.

Tout au long de cette piste j’ai commencé à me faire une idée des individus que je suivait, je pense à deux mâles, un jeune et un vieux plus massif : le cerf et son écuyer. Une collaboration courante dans laquelle le jeune apprend à connaitre un territoire et ses ressource avec le vieux cerf plus expérimenté et en échange ce dernier bénéficie des sens plus affutés du jeune cerf pour l’avertir des dangers.

Après avoir parcouru encore une vingtaine de mètres sur cette piste, je me fige : Dans une explosion de puissance un jeune cerf vient de s’élancer tout droit vers le chemin à l’Est, une fois sur le chemin il court vers le sud puis revient sur ses pas en direction du nord. A ce moment là le vieux mâle s’élance à son tour de sa couche en direction du chemin et galope vers le sud, rapidement rejoint par l’écuyer déboussolé.

Déranger inutilement des animaux sauvages est toujours démoralisant. Et dans ce cas je m’en veux de ne pas avoir anticipé ce grand chêne abattu comme une zone de repos potentielle. Pendant toute leur fuite je suis resté totalement immobile pour ne pas accentuer l’alerte qu’ils ont du percevoir uniquement à l’odeur.

Je vérifierai plus tard en reprenant leur piste après avoir patienté une demie heure au même endroit, que le galop à laissé place au trot puis à la marche en quelques centaines de mètres, montrant que le dérangement aura au moins été de courte durée et de faible intensité.

Si cette histoire vous inspire et que vous voulez vivre une expérience similaire et acquérir ou mesurer les compétences qui permettent de suivre une piste : Trois dates vous permettrons cette automne d’affuter vos sens !

Workshop traque près de Chantilly avec Thomas Baffault pisteur certifié tracker niveau 3 CyberTracker et Ulrike Quartier Pisteuse certifiée niveau 4 traque CyberTracker.

Plus d’informations sur le workshop traque

Tarif : 300 € (workshop seul) ou 200 € (si vous participez également à l’une des deux évaluations qui suivent)

Inscriptions et infos pratiques

Evaluation traque près de Chantilly avec John Rhyder évaluateur spécialiste traque CyberTracker

Tarif : 390 €

Plus d’informations sur l’évaluation traque

Inscriptions et infos pratiques

Evaluation traque près de Chantilly avec John Rhyder évaluateur spécialiste traque CyberTracker

Plus d’informations sur l’évaluation traque

Tarif : 390 €

Inscriptions et infos pratiques

John Rhyder
JohnRhyder

John Rhyder est un naturaliste accompli et pisteur certifié d’animaux sauvages. Avant d’enseigner le bushcraft (savoirs-faire liés à la vie dans les bois) en tant que chef instructeur pour Ray Mears puis de créer sa propre école en Angleterre Woodcraft school, John a enseigné l’arboriculture, la protection de l’environnement et la gestion des espaces naturels.

Il a obtenu une certification CyberTracker de pisteur animalier senior, ce qui le place comme le pisteur le plus diplômé d’Europe du Nord. John est aussi qualifié en tant qu’évaluateur track and sign (empreinte et signe) et trailing (traque), l’un des deux seuls à pouvoir décerner une certification dans ce domaine en Europe du Nord.

John possède un diplôme universitaire en identification d’espèces et relevés biologiques spécialisé en mammifères, reptiles, chauves-souris, champignons, plantes des bois et arbres. Il a un intérêt particulier pour la connaissance des plantes, particulièrement pour l’ethnobotanique et il est compétent dans nombre d’usages traditionnels des plantes, arbres et champignons, depuis le travail de l’écorce jusqu’à la cuisine sauvage et la fabrication d’arcs.

C’est un formateur passionné et généreux, très inspirant.

Ulrike Quartier

Ulrike vit en Allemagne, à Bielefeld, dans la forêt de Teutoburg. Graphiste diplômée elle travaille principalement comme éducatrice en sciences de la nature et de la faune dans une école alternative.

Les itinéraires et les pistes sont sa spécialité. « En pistage, tout est possible, l’être humain peut se familiariser avec son environnement et apprendre a y trouver sa place. Tous les sens sont en éveille et l’on commence à comprendre le monde de manière particulière. On s’ouvre en douceur et on apprend, sans retenue et sans contraintes, la nature devient notre enseignante. »

Thomas Baffault

Thomas Baffault enseigne la lecture des traces d’animaux au grand public et aux professionnels. Il organise en France les formations CyberTracker, référence internationale en matière de pistage et possède un niveau 3 en traces et indices ainsi qu’en traque.

Devenu tondeur de mouton après son diplôme des Beaux-Arts, il a appris des bergers la lecture intime du paysage, les cycles naturels et les relations faune-flore.

Passé par la Tracker Survival School aux États-Unis, il approfondit encore sa pratique au contact des experts européens de CyberTracker.

sac a dos panier

22,23,24 Mars à côté de Bordeaux : stage de fabrication d’un sac à dos végétal robuste qui durera toute votre vie.

En Trois jours vous fabriquerez votre hotte de trappeur en lattes de bois tressées et à l’issu du stage vous repartirez avec. Ce sac à dos emblématique des trappeurs d’Amérique du Nord est un moyen élégant de transporter vos affaires lors de vos bivouacs forestiers ou pour vos cueillettes de plantes sauvages et champignons. Ce panier est durable et léger et permet d’accéder facilement à sont contenu. Entièrement fait de matériaux naturels, vous pourrez le tresser à votre taille en le personnalisant selon vos besoins.

L’atelier sera animé par Beke Olbers spécialiste des artisanats et savoir faire ancestraux.

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Gardien.ne.s du vivant édition de printemps

Le prochain rendez-vous des gardien.ne.s du vivant aura lieu du 7 au 10 mars 2024

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